Ces dernières années, la population française et mondiale connaît des températures de plus en plus hautes. Les vagues de chaleur répétitives et les précipitations espacées et irrégulières de l’été 2022 ont causé la sécheresse sur le territoire français et ont davantage remis en question la façon de redistribuer l’eau.
Cette sécheresse a gravement impacté de nombreux acteurs, y compris les prestataires de loisirs nautiques et pas forcément comme on pourrait le penser. Nous avons tenté de creuser sur ce sujet, en se tournant vers nos clients pour partager leur vécu et leur vision de la situation.
Comment s’est passé l’été 2022 ?
Malgré les alertes sécheresse récurrentes, nombreux étaient les prestataires d’activités nautiques qui ont pu exercer dans des conditions correctes. Toutefois, le comportement des consommateurs a été impacté.
“On a eu et on a un débit qui est conforme à ce qu’on a tous les étés” – partage Olivier Bachelot, gérant de la base Réals Canoë Kayak.
“L’année dernière, en 2022, on a pu travailler tout le temps, mais malgré les températures hautes, où on pourrait se dire que les gens allaient chercher de l’eau et de la fraîcheur, on a fait 10% de pertes par rapport à l’année précédente. Cela est en partie dû au fait que les médias, dans leur besoin de faire de l’exceptionnel et de l’extraordinaire, vont nous montrer des images des lacs vides qui vont tourner en boucle partout, et ça va faire office de religion pour tout le monde”.
Jeanne Nicollet, gérante de Canoë Rapido, se pose également la question de l’impact de la médiatisation de la sécheresse sur son activité :
“L’analyse du chiffre d’affaires c’est très compliqué. L’année dernière, on a quasiment tous eu une baisse de CA. Est-ce que c’est lié à la sécheresse ? A la baisse du pouvoir d’achat ou autre ? Par contre, c’est sûr que beaucoup de gens nous posaient la question pour savoir s’il y avait assez d’eau. On craint que certains ne soient pas venus faire de canoë ou de Kayak, pensant qu’il n’y avait pas assez pour naviguer”
Alors comment se fait-il que malgré la sécheresse, de nombreux prestataires aient eu des conditions tout à fait praticables ?
La réalité et les spécificités des activités nautiques ?
Pour comprendre cette situation, il faut se pencher sur le fonctionnement et le placement stratégique des prestataires.
“Il y a vraiment de grosses disparités d’une vallée à l’autre”, explique Olivier.
Nous travaillons sur l’Orb, un fleuve de 135 km de long, qui est pompé. Le gestionnaire de l’eau sur notre territoire s’approvisionne en eau dans cette rivière pour répondre aux besoins en irrigation des vignes et aux besoins en eau potable du littoral entre Vendres et Gruissan.
En été, avec la croissance des besoins en eau liée aux flux touristiques, les prélèvements sont un peu plus importants. Notre base se situe entre le barrage et le point de prélèvement, donc on a toujours un soutien de débit qui nous permet de faire l’activité, au moins jusqu’au mois de septembre. Quand les besoins en eau baissent, le débit est soutenu moins régulièrement.”
De plus, la notion de sécheresse est également complexe. Si la plupart des gens imaginent des paysages désertiques à l’invocation de ce terme, ce n’est pas toujours ce à quoi correspond la réalité. En juin 2023, le territoire français est déjà en alerte sécheresse depuis un moment, alors que les mois les plus chauds ne sont pas encore arrivés. Ce qui peut paraître paradoxal, car de nombreuses régions vivent des précipitations et des orages réguliers, si ce n’est quotidiens, depuis plusieurs semaines.
Notre cliente Jeanne Nicollet de Canoë Rapido explique :
“Il faut bien distinguer les eaux de surface, comme celle des rivières, et les eaux des nappes phréatiques qui sont la principale source d’eau potable en France. Dans l’Hérault par exemple, on est toujours en arrêté sécheresse pour limiter la consommation d’eau potable car les nappes sont toujours basses. Alors qu’avec les orages, la rivière Hérault est haute. On a même dû suspendre l’activité, car il y avait trop d’eau”.
Toutefois, il ne faut pas faire de généralités. En effet, il y a des prestataires qui ont plus de difficultés que d’autres.
Olivier souligne que les conditions ne sont pas les mêmes pour tout le monde :
“Un de mes collègues, situé dans la même vallée, en amont de l’affluent de l’Orb où le barrage fait ses turbinés, au moins pour une partie de ses parcours, donc il ne peut pas profiter du soutien de débit. Pour lui ça devient un peu plus compliqué, mais il peut passer par un parcours en dessous, donc il n’est pas non plus complètement embêté”.
De nouvelles intempéries pour les professionnels du secteur en 2023
“Le sujet de la sécheresse c’est quelque chose que je dois traiter au moins 2-3 fois par semaine depuis le mois de mars 2023 au vu du contexte de sécheresse sévère”, – témoigne Olivier Bachelot.
Comme la redistribution de l’eau et la gestion du grand bassin sont effectuées par le préfet, une décision a été prise d’interdire les activités de canoë, de kayak et les activités d’eau vive en cas de d’alerte sécheresse.
Pour contrer cette décision, nous étions obligés de solliciter nos services juridiques au niveau de la filière canoë-kayak, en s’appuyant sur la Fédération française de Canoë-kayak et la Fédération nationale des loueurs. Grâce à cela, du point de vue juridique et administratif, nous avons moins d’inquiétudes pour l’instant”.
Selon Olivier, la tentative d’interdire la pratique des activités nautiques dans le contexte de la sécheresse peut être liée à l’approche superficielle au sujet :
“On ne prélève pas d’eau, on ne rejette pas d’eau, donc on ne fait que circuler sur l’eau. Quand la circulation n’est pas possible, on arrête nos activités et point barre, sans attendre des interdictions. Toutefois, les administrations ne connaissent pas forcément finement toutes les activités.
Les prestataires des activités nautiques étaient traités dans un sac d’usagers, au même niveau que les agriculteurs, les producteurs d’électricité, les citoyens… Il a fallu qu’on argumente pour expliquer que contrairement à la plupart des usagers, nous n’avons pas besoin de sortir de l’eau ni de la rivière, ni de nappes phréatiques. Et puis, entre autres, nous avons fait face au lobbying d’autres activités”.
Faire face à la sécheresse – l’affaire de toutes et tous
Malgré le fait qu’en elles-mêmes, les activités nautiques et autres activités de pleine nature ne consomment pas d’eau pour leur exercice, il y a presque toujours de la consommation indirecte. La prise de conscience à ce sujet parmi les loueurs des canoës et les prestataires d’activités nautiques permet de contribuer à la préservation de ressources en eau.
“On ne va pas nier que notre région est en alerte sécheresse renforcée. Alors nous faisons attention au quotidien, et nous avons modifié un peu notre façon de travailler pour être plus économes. Par exemple, avant, pour désinfecter notre matériel – les gilets, les combinaisons – on mettait des produits désinfectants dans de grandes quantités d’eau et on les laissait tremper dedans. Une telle consommation d’eau n’était ni raisonnable ni raisonnée.
Alors maintenant on désinfecte notre matériel en pulvérisant une solution diluée, ce qui nous fait des économies d’eau impressionnantes : ce n’est pas la même chose de remplir un bac de 150-200 litres et quelques pulvérisateurs de 5 litres– explique Olivier.
Nous veillons également sur l’utilisation de nos douches et de nos sanitaires. On s’assure de prévenir l’utilisation sauvage et excessive en limitant l’accès aux installations. Des petits gestes nous permettent de contribuer comme on le peut”.
D’autres solutions d’économie d’eau existent.
“Nous utilisons vraiment très peu d’eau dans notre structure. On a des toilettes sèches et des solutions hydro alcooliques pour nettoyer les mains”, partage Jeanne, Canoë Rapido.
Ces mesures et beaucoup d’autres encore peuvent être dupliquées dans d’autres structures de loisirs et pas uniquement dans celles liées au nautisme. Des infrastructures moins gourmandes en eau, la sensibilisation de la clientèle – tout cela peut aider à préserver cette précieuse ressource.
Les conseils de l’équipe Guidap : Comment contrer les impacts de la sécheresse sur la commercialisation des activités nautiques ?
Il existe des approches qui peuvent permettre d’adresser la baisse de chiffre d’affaires engendrée par la sécheresse. Nous avons essayé de récapituler celles qui sont faciles et rapides à appliquer :
- adapter la communication sur votre site Internet. Cela peut aider à rassurer et à attirer les clients si vous affichez sur votre site l’information sur l’état et la navigabilité de vos parcours. Un message bien visible et implicite (éventuellement avec la date de mise à jour) vous économisera également du temps passé au téléphone à expliquer que vous avez assez d’eau.
- régulièrement communiquer sur les réseaux sociaux. Les réseaux sociaux jouent un rôle important dans la diffusion de l’information, donc il ne faut pas négliger ces canaux. Les publications ou bien les stories régulières peuvent vous aider à tenir vos clients potentiels au courant de vos conditions de navigation.
- bien communiquer avec votre Office de Tourisme. En termes de communication, les offices de tourisme sont des alliés incontournables des prestataires de loisirs. Profitez-en, en mettant en avant l’information sur l’état de vos parcours.
- mettre à jour le message sur votre répondeur. Il suffit de rajouter l’information que vos conditions permettent la navigation, et les clients pourront réserver en ligne même sans attendre votre rappel.
- fluidifier les flux de clientèle. Pour travailler en amont des restrictions, mais aussi pour adresser les éventuels conflits d’usage et pour protéger la rivière, ça peut être utile de réguler le nombre de personnes sur l’eau en temps donné. Au lieu d’avoir 100 personnes à 10 h et 5 personnes à 9 h, vous répartissez vos clients tout au long de la journée. Vos clients vivent une meilleure expérience et vous fluidifiez votre accueil. Tout le monde est gagnant.
Si vous souhaitez fluidifier facilement votre accueil, vous pouvez utiliser notre tutoriel pour le mettre en place sur GUIDAP.
